En observant les photos d’arrivée de n’importe quel trail, une chose frappe immédiatement : la quasi-totalité des coureurs hommes arbore des jambes parfaitement lisses. Cette pratique, autrefois réservée aux cyclistes professionnels, s’est généralisée chez les traileurs de tous niveaux. Mais quelles sont les vraies raisons derrière cette tendance qui divise encore les vestiaires ?
Les raisons pratiques : bien plus que l’esthétique
La facilité des soins post-course
La première raison invoquée par les traileurs concerne les soins après course. Après 20, 50 ou 100 kilomètres sur les sentiers, les jambes peuvent être marquées par les épines, les branches, les chutes sur les rochers. Nettoyer et désinfecter ces petites plaies devient infiniment plus simple sur une peau glabre.
Sans poils, l’application des crèmes anti-inflammatoires, des gels de récupération ou des pansements adhère mieux et s’étale plus uniformément. Un avantage non négligeable quand on multiplie les sorties longues et les courses.
Le massage de récupération optimisé
Les massages de récupération constituent un pilier de l’entraînement en trail. Que ce soit avec un kinésithérapeute, un rouleau de massage ou simplement ses propres mains, l’efficacité du massage est décuplée sur des jambes rasées.
Les huiles et crèmes pénètrent mieux, les mouvements sont plus fluides, et l’effet thérapeutique plus prononcé. Pour des athlètes qui investissent temps et argent dans leur récupération, ce détail technique prend tout son sens.
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L’hygiène : un argument qui porte
Moins de rétention de sueur et d’odeurs
Les poils retiennent naturellement la sueur, les bactéries et les odeurs. En trail, où l’on peut passer plusieurs heures à transpirer intensément, cette accumulation devient problématique. Des jambes rasées facilitent l’évacuation de la transpiration et limitent le développement bactérien.
Cette question d’hygiène prend une dimension particulière lors des courses par étapes ou des ultras de plusieurs jours, où l’accès aux douches peut être limité.
Prévention des infections cutanées
Les poils peuvent favoriser certaines infections cutanées, notamment dans les zones de frottement avec les vêtements techniques. En supprimant cette variable, les traileurs réduisent les risques d’irritations et d’infections, particulièrement importantes lors d’efforts prolongés.
L’aspect psychologique : se sentir « pro »
L’identification aux champions
Impossible de nier l’aspect psychologique de cette pratique. Quand on voit Kilian Jornet, François D’Haene ou Courtney Dauwalter avec des jambes parfaitement lisses, il est naturel de vouloir leur ressembler. Cette identification aux champions fait partie du processus d’appropriation de la discipline.
Se raser les jambes, c’est d’une certaine manière revendiquer son appartenance à la communauté trail, affirmer son sérieux dans la pratique. Un rituel qui marque la transition du joggeur occasionnel au traileur investi.
Le sentiment de légèreté
Beaucoup de coureurs témoignent d’une sensation de légèreté après s’être rasé les jambes. Bien que scientifiquement discutable en termes de performance pure, cette impression peut avoir un impact positif sur le mental et la confiance en course.
Dans un sport où la tête joue un rôle crucial, particulièrement sur les ultras, ces détails psychologiques ne sont pas anodins.
Les avantages techniques débattus
L’aérodynamisme : mythe ou réalité ?
Certains traileurs invoquent l’aérodynamisme pour justifier leur choix. Si cet argument tient la route en cyclisme ou en natation, il paraît plus discutable en trail running. La vitesse moyenne étant généralement faible, et les conditions (vent, terrain) très variables, le gain aérodynamique reste marginal.
Néanmoins, sur les portions rapides de descente ou les passages sur route, chaque petit détail peut théoriquement compter pour les coureurs de très haut niveau.
La thermorégulation
Les poils jouent un rôle dans la thermorégulation naturelle du corps. Leur suppression pourrait théoriquement faciliter l’évacuation de la chaleur par temps chaud, mais aussi rendre plus sensible au froid. L’impact réel sur la performance thermique reste débattu parmi les experts.
Les inconvénients à ne pas négliger
Le temps et la contrainte
Se raser régulièrement les jambes représente un investissement en temps non négligeable. Pour des jambes complètes, il faut compter 15 à 30 minutes selon la pilosité, à renouveler plusieurs fois par semaine selon la vitesse de repousse.
Cette contrainte peut devenir pesante, particulièrement pour les traileurs amateurs qui jonglent déjà entre entraînement, travail et vie de famille.
Les risques de coupures et d’irritations
Le rasage expose à des risques de coupures, particulièrement problématiques avant une course importante. Les irritations et poils incarnés peuvent également survenir, créant des désagréments lors des sorties.
Le coût financier
Entre les rasoirs de qualité, les crèmes de rasage, les après-rasages et éventuellement les séances d’épilation professionnelle, le budget « jambes lisses » peut rapidement grimper pour les pratiquants réguliers.
Les alternatives au rasage traditionnel
L’épilation définitive
De plus en plus de traileurs se tournent vers l’épilation laser ou à lumière pulsée. Bien que l’investissement initial soit important, cette solution devient rentable sur le long terme et supprime la contrainte du rasage régulier.
Les crèmes dépilatoires
Moins agressives que le rasoir, les crèmes dépilatoires spécialement conçues pour les jambes peuvent être une alternative intéressante. Elles nécessitent cependant des tests de tolérance cutanée.
La tondeuse
Certains optent pour un simple raccourcissement des poils à la tondeuse plutôt qu’un rasage complet. Cette solution de compromis réduit les inconvénients tout en conservant une partie des avantages.
Une pratique qui divise encore
Les réfractaires assumés
Tous les traileurs ne cèdent pas à cette mode. Certains revendiquent leur pilosité naturelle, estimant que la performance ne se joue pas sur ce détail. Des coureurs de haut niveau comme certains ultratraileurs américains continuent de courir avec des jambes poilues sans que cela affecte leurs résultats.
Une question de génération ?
On observe une corrélation entre l’âge et la pratique du rasage chez les traileurs. Les plus jeunes semblent plus enclins à adopter cette habitude, tandis que les générations plus anciennes y résistent davantage.
Pierre
Magicien des bons plans !